Visite le 19 septembre 2015, de notre ami Jean-Claude Bonhomme, venu de l'est de la France
Il a vécu à la boucherie pendant l'occupation allemande.
La boucherie philosophique,fut aussi un lieu de résistance
Son témoignage est très touchant.
je le remercie de tout coeur
Du miel
Mais aussi du petit-lait et une pincée de nostalgie.
Tel sera notre souvenir de cette visite à La Bachellerie en cette journée du
patrimoine septembre 2015 consacrée aussi aux abeilles à Pater Noster.
60 ans en arrière
Venant de l'église,une mélodie à la fois puissante et sensuelle, nous plonge
dans l'univers de Sidney Bechet.
Pierre Schirrer fait trembler la nef - comme le fit jadis mon parrain Adrien Faure
mari de Eva Auphelle, qui ne manquait jamais la messe de Noël en interprétant
le Minuit Chrétien.
De tous,le Saxo soprano, magistralement maîtrisé par Pierre,fait remonter le
souvenir de tous ces grands du Jazz, à commencer par les étoiles montantes
de l'époque : Claude Luter, Claude Bolling, Djengo, Grapelli, ... mais ausssi les
piliers. Armstrong, Gillespie, Hampton,Ellington, ...
Tous nous rendaient régulièrement visite, profitant de la présence des G.Is à Metz.
Cab Calleway servait de défouloir pour nous dégourdir les oreilles lors des révisions
du Bac.
72 ans en arrière
La Boucherie Philosophique,but premier de notre visite, fut une découverte merveilleuse.
- en premier,les grands rideaux rouge et blanc dans lesquels nous prenions plaisir à
nous cacher -mon cousin Alain Faure et moi- et nous nous enroulions dedans jusqu'à
être serrés et presque étouffés.
- ensuite, le billot, déjà très creusé à l'époque, avec tous ses accessoires qu'il ne fallait
surtout pas toucher.
- la chambre froide avec ses belles portes massives en chêne, avait elle aussi sa part
de mystère.
- sur la Caisse en marbre, la photo un peu jaunie des fondateurs Achille et Mélanie Auphelle
à coté de celles de Roger Mercié et son épouse.
Mais le souvenir le plus présent reste celui de la cuisine avec son fénestrou donnant sur la
boucherie et son étagère supportant la TSF et surtout la grande cuisinière dans la cheminée
avec ses barres et son robinet en cuivre.
C'était à la fois notre salle de bains dans la grande bassine,salle de jeux et d'histoires que
nous contaient nos aînés à la veillée et ma cousine Michelle qui nous faisait la lecture.
Ah! les histoires du Petit Menudou et de ce grand benêt de Jean Ladroit !
Et le soir, avant de monter nous coucher, à croupeton sur le dos de ma grand-mère Constance
(faire la chèvre) tout en faisant semblant de "tirer le vinaigre", chacun montait avec sa brique chaude
sortie du four ou sa bouillotte en cuivre en forme d'obus de 14, pour rejoindre nos lits
douillettement bassinés avec le "moine".
La cuisine était la seule pièce chauffée de la maison.
- Attenant à la cuisine,la cave toujours sombre, avec au fond contre la roche, la masse mystérieuse
de la citerne qui nous faisait tellement peur qu'il fallait toujours ressortir en courant.
Cette citerne dans laquelle ma grand-mère a balancé des armes et la Ronéo qui servait à imprimer
les tracts, le jour de l'invasion de la place par les miliciens en 44.
- Seule déception, les greniers que j"avais dans ma tête, pourtant superbement restaurés et aménagés
par Régine qui a dù passer des heures délicieuses à chiner.
Pour ma part, je n'ai pas pu reconstituer en mémoire ce lieu plein de mystère et d'inconnu qui est
sûrement à l'origine de ma vocation de "fouille-grenier".
Tout ceci m'a remué les tripes (et c'est bien normal pour une boucherie !) et je ne remercierai jamais assez Régine, Jean-Pierre et Pierre pour leur merveilleuse initiative et le plongeon dans le passé.