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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 14:22

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Sur-Titre

LA BOUCHERIE PHILOSOPHIQUE DE LA BACHELLERIE (24)


Paru en juillet 2012, dans le mensuel du journal de la Confédération Nationale de la Boucherie Française


Titre

DECOR DE MEMOIRE

Chapô :

Rénovée dans son jus des années cinquante, l’ancienne boutique de Roger Mercié  s’ouvre aux nostalgiques d’une époque hélas révolue. Le site se visite, tandis que  son cicérone le propose en toile de fond aux cinéastes, pour la gloire de la boucherie d’antan.

 

 

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Il était une fois.. Un carrelage immaculé, des portes de frigo en chêne massif, une caisse de marbre, une balance, un billot une ardoise et des crocs… bref, une boucherie rurale du temps passé, amoureusement reconstituée au nom du père, par une passionnée de ce beau métier. L’histoire mérite d’être contée, animant quelque peu les jours tranquilles de La Bachellerie, (756 habitants) village périgourdin situé à deux lieues du vénérable castel d’Hautefort, cher en son temps au prolifique écrivain Guy Des Cars.


Hors donc, l’héritière de Roger Mercié, pimpante parisienne originaire du cru, devenue par mariage avec un talentueux musicien ,Régine Schirrer, se lance en 2007, en partenariat avec son frère Jean-Pierre, dans un projet qu’elle qualifie elle-même d’un peu fou : faire revivre in situ le commerce paternel, afin de créer un lieu de mémoire pédagogique portant témoignage de cette noble profession. Avec 10.000 € d’investissement, plus quelques hectolitres de carburant pour écumer antiquaires, brocantes et vide-greniers, elle reconstruit l’échoppe promise à la ruine, dénichant un par un les composants du passé. La chambre froide retrouve ses huisseries, les crochets à viande leur plafond, les plans de travail leurs surfaces glacées, et il ne manque plus que la caissière pour trôner derrière son meuble comptable.


« Nous avons tout refait à l’identique, révèle la fille de l’ancien artisan, hélas disparu en 2003. Nous avons eu la chance de trouver du mobilier aux dimensions, des outils d’époque en parfait état, et j’avais en tête toutes les images de mon enfance pour meubler l’intérieur. Jean-Pierre, lui-même ancien boucher, et mon mari Pierre, m’ont apporté une aide précieuse, pour la mise en place, la structure, les recherches. J’ai fais la connaissance de Roland Pinson,  (82 ans) un boucher à l’ancienne toujours installé près de la cathédrale de Chartres, dont la boutique – classée monument historique - ressemble à celle de mon père qui m’a procuré de précieux conseils… »


 


 

Inter

Un patrimoine, des cinéastes


 

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L’étonnante aventure s’inaugure lors des journées du Patrimoine 2008, avec l’ouverture aux habitants du village, qui, constate Régine, « ne s’aperçoivent même pas que la boutique a été entièrement restaurée », tant ils retrouvent en fait le lieu qu’ils fréquentaient dans leur passé. Mais l’histoire ne se cantonne pas à la création d’un mini musée dédié à la saga bouchère, puisque le hasard fait s’arrêter un beau matin une réalisatrice de films en recherche de décors authentique. L’idée est alors lancée, de doubler ce sanctuaire d’un « outil » pour caméras, sous l’égide de « Film France » qui l’a sélectionné après examen rigoureux et tests divers. Toute la maison est concernée, que ce soit l’abattoir sur l’arrière, l’appartement du dessus, et les dépendances. L’inventive propriétaire et son musculeux compagnon n’économisent alors ni leur temps ni leur fatigue, reconstituant au plus près un paysage d’intérieur/jour dans lequel Gabin aurait pu évoluer, mais où les fantômes nocturnes doivent s’ébattre en toute liberté.


« Dans le grenier, on voit les toits de Paris, tous les meubles sont d’époque, et on entendrait presque le meuglement ultime des bêtes détaille t-elle. Mais cette réussite nous inspire d’autres initiatives, comme des expositions peinture (l’archéologue amatrice est également artiste de talent), ou la mise en place d’une collection dédiée au commerce du vingtième siècle. Mon mari, saxophoniste dans l’orchestre de Claude Bolling, pourrait aussi organiser des bœufs – mot adapté - de vieux jazz, avec quelques autres souffleurs de cuivres, et ce commerce connaîtrait ainsi d’autres vies.. »


Quant aux bouchers de notre temps ou d’avant, ils seront évidemment les visiteurs privilégiés et toujours bienvenus de cette surprenante enclave dévolue à leur histoire. Les jeunes y découvriront comment et dans quelles conditions oeuvraient leurs ancêtres, les plus anciens y retrouvant gestes et odeurs de leur passé. Ils y côtoieront les ombres de ce dernier, de Roger parant ses viandes à son épouse encaissant les factures, tandis que les enfants gambadaient entre les clients venus parfois réaliser eux-mêmes leurs conserves.

 


 

Inter

Un peu de philo ?

 

Texte

Présentée sur le web, promue dans les gazettes, la « Boucherie philosophique » est en passe de conforter ses multiples vocations. Carrefour d’échanges aussi bien intellectuels que formateurs, rendez vous des regrets d’une époque où il faisait bon vivre, maison-témoin d’un métier qui suscite toujours autant de passions, elle a été ainsi baptisée par son couple-gardien sur une pensée issue d’un jeux de mots : En-saigner pour En-seigner. Par cette maxime, Régine souhaite rappeler ce que fut et ce que reste la profession des bouchers, mais aussi leur esprit, leur devoir de transmission de connaissances vieilles de plusieurs siècles, leur humanisme et leurs valeurs.


« De mon père, j’ai conservé cet amour pour mon prochain, cette espérance du genre humain, cette envie permanente de communiquer, d’aller au devant des autres. En apportant à son commerce un souffle nouveau, je le fais en quelque sorte revivre, comme je fais revivre un petit morceau de ce petit village de terroir Périgourdin. Je n’en porte pas gloire, mais si ce site ressuscité pouvait par ses animations dynamiser l’activité de La Bachellerie, et provoquer des rencontres entre gens de bien, j’aurai atteint mon but.. »


La Confédération Nationale des BCT s’intéresse au plus près à cette renaissance. Elle encourage vivement ses adhérents à se rendre sur le site Internet dédié (voir encadré) et devrait rapidement intégrer des informations sur son propre site. Quant à sa découverte, il suffit de se diriger vers ce petit paradis qu’est la Dordogne, pour y faire une halte sur les traces des bouchers du temps qui passe.

 

JP Gourvest

 

Coorodonnées :

La Boucherie Philosophique

Centre bourg

24210 LA BACHELLERIE

http://boucherie.philo.free.fr

 

 

 

Pour s’y rendre + alentours

De Limoges, prendre la direction de Saint-Yrieix puis suivre celle d’ Hautefort. Environ 1h20 mn de trajet, pour 80 kms.

Auparavant, on aura visité à Limoges la célèbre rue de la Boucherie, sa maison des Bouchers, la chapelle St.Aurélien propriété de la Confrérie des Bouchers.

De Brive, prendre l’autoroute A89 direction Bordeaux, sortir au panneau Lascaux/Montignac  

A voir alentour, les grottes de Lascaux, (10 km) le village de Montignac, le Château d’Hautefort, la cité moyenâgeuse de Sarlat (25 km)

 

 

La Boucherie Philosophique en dates :

1900 : Le commerce existe déjà, créé à la fin du 19ème siècle.

1912 : la boucherie Authelle, du nom de la famille propriétaire, est fournisseur attitré du Château de Rastignac, et du Château d’Hautefort.

1946 : Roger Mercié, dont la fille Régine est née un an plus tôt, reprend le commerce et le développe.

1978 : Après trente ans d’exercice, Roger prend sa retraite sans trouver de repreneur, et sans successeur.  

1980 : La boucherie est en passe de devenir une friche commerciale.

2003 : Décès de Roger

2007 : Début des travaux

2008 : Ouverture journée du patrimoine.   

2010 : Visite d’une réalisatrice, lancement de l’idée cinéma.

 

 

     Roger-Mercie_Medaillon-copie-1.png

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